Les dieux sont restés vivaces
De ton assez Mariedesboisesque, c'est vrai que son "Rencontre au matin" (in "Noces de sève et de Vent") m'a bien inspirée... Je l'aime beaucoup, celui-ci, rimé mais pas en vers, rythme ni trop lent ni trop rapide, oui j'en suis plutôt contente:
Lumière légère et timide Soleil, --- Atmosphère déclinante et feuilles vermeilles
Dérangées par l’assourdissant tonnerre --- Des huit sabots martelant la Terre.
L’illustre cavalier aperçoit une lueur, --- Brillante mais claire à cette heure.
Met pied à terre lestement, --- S’approche d’un pas rapide et franc.
« Que fais-tu ici, fille des hommes impies, --- Par cette matinée d’humide saison de pluie? »
« Je portais, Seigneur, à mon ami le lutin --- Hydromel de mon crû et galettes au levain. »
Son œil perçant s’attarde sur mon cou --- Et naît sur ses lèvres un beau sourire de loup…
« Mais dites-moi, maître, ne saviez-vous pas déjà --Qui je suis, du haut de votre trône là-bas? »
« Tu es femme de sang moindre mais ton âme est belle… --- Rares de nos jours décadents sont encore celles
À converser joyeusement avec les hommes de mon fils, --- Qui eux les aiment et ne les maudissent. »
Le cœur rayonnant je dépose mon panier --- Dans le creux par mon lutin à cet effet ménagé.
« Voudriez-vous, je vous en prie, Seigneur, --- Venir vous restaurer un temps dans ma demeure? »
D’un geste il m’enlève et me dépose en selle --- Puis grimpe derrière moi, aussi léger qu’une aile.
Tandis que la fougueuse monture s’élance dans le matin, --- D’une voix forte et fière j’indique le chemin.
De ma maison les solides murs de pierre --- Semblent contenter le voyageur de l’Air.
Au verger l’étalon broute avec entrain, --- Son maître vers la porte m’entraîne par la main.
« Tu as dit tout à l’heure, ma fille, --- Avoir doux hydromel dans cette demeure-ci. »
Dans de vastes choppes vite je l’ai apporté --- Et mes yeux dans le sien avec lui j’ai trinqué.
« Dites-moi, maître, ce qui en ce monde vous amène. --- J’ai tout à l’heure cru lire dans vos mots de la haine. »
« En vérité chère hôtesse j’ai de quoi enrager --- Quand je vois comme tes semblables ont Mitgard ravagé! »
Depuis l’aube le parcourant j’ai bien cru --- Que cette fois-ci tout était perdu.
Mais de te connaître mon cœur est soulagé: --- Il en reste donc encore qui ne nous ont pas oubliés. »
« Jamais de mon vivant, jarl, je vous le jure, --- Cette Terre ne sera abandonnée aux parjures!
Peut-être suis-je seule et impuissante, --- Mais tout comme vous le Pouvoir me hante. »
Son sourire sage et sauvage encore m’a adressé --- Que je lui ai, cette fois, rendu sans hésiter.
« Je dois partir, ma fille, merci de ta présence, --- Je te donne en paiement des runes la connaissance. »
Je le remercie, yeux brillants d’émotion. --- Lui en signe d’au-revoir pose sa main sur mon front.
Dès le son du galop enfui dans le lointain, ---- Je cours au cercle de pierres et crie son nom: « Odin ! »